Cette année nous avons choisi de nous lancer dans la Traversée des Bornes-Aravis depuis Annecy. Cette traversée du massif des Bornes-Aravis en 5 jours se réalise sans voiture. Grâce au réseau d’autocar, nous partons depuis notre logement à Annecy et nous revenons à notre point de départ.
Cette itinérance est une immersion au coeur du massif des Bornes jusqu’au Grand Bornand au pied de la chaîne des Aravis. Notre parcours débute au pied du Parmelan. Nous dormons à son sommet afin de profiter d’une vue panoramique à 360° puis nous traversons son splendide plateau calcaire aussi appelé lapiaz. Puis notre périple prend la direction du plateau des Glières, haut-lieu de la résistance française pendant la seconde guerre mondiale, et ses magnifiques alpages. Le massif du Bargy sera l’objectif du troisième jour avec le lac de Lessy niché au pied du Buclon et du pic du Jalouvre. Enfin nous basculons vers le massif des Aravis au pied de la Pointe Percée, son point culminant et emblématique. Le dernier jour nous réalisons son ascension alpine dans les lapiaz. Le sommet est défendu par une belle arête aérienne exposée. Puis c’est la dernière longue descente où nous longeons les combes des Aravis avant de rejoindre le Grand Bornand.
De retour chez nous, voici ce que chacun retiendra tout particulièrement de cette traversée :
Jean-Luc :
Magie des paysages : plateau quasi lunaire du Parmelan, Plateau des Glières formé par un glacier, verticalité de la Pointe Percée, chalets ayant conservé toute leur originalité première je pense au hameau de Maize, … mais je voudrais évoquer ce qui m’a le plus interloqué : l’absence de réalisme dans la gestion des refuges !
Les massifs des Bornes et des Aravis que nous avons parcourus sont calcaires, la pluie y pénètre et en altitude il y a peu de sources et ruisseaux. Deux des trois refuges où nous avons dormi (le Parmelan et le Gramusset) rencontrent des problèmes avec l’eau.
Le refuge de Gramusset a été rénové l’an dernier pour une capacité de 45 personnes, avec tout le confort qu’on peut attendre ….. en vallée : douches, WC avec chasse d’eau. Oui mais voilà sur du calcaire et à 2164 m d’altitude, il manque d’eau. Lors de notre passage les douches étaient fermées, et seule une toilette très sommaire était tolérée !
Le refuge du Parmelan devrait être rénové prochainement et son gardien nous a raconté son combat pour que le projet prenne en compte un bon usage de cette denrée si précieuse : l’eau.
Valérie et Marc :
Un superbe parcours dans les alpages de Haute Savoie
– Le magnifique plateau du Parmelan, avec “sa vue à 360°”, surplombe le fameux lac d’Annecy, et par beau temps, transporte notre regard jusqu’à la pointe du Mont Blanc. Que ce soit à la montée par le Grand Montoir ou le chemin qui se dirige vers le plateau des Glières, nous avons adoré les lapiaz mêlés de manière plus ou moins régulière à la végétation.
Bref, le cadre est tout simplement magique. Comment ne pas être charmé par l’authenticité de son refuge marqué par le passage, et des
souvenirs de montagnards plus ou moins célèbres, comme le sherpa Tensing Norgay qui avait accompagné Hillary pour la 1ère ascension de l’Everest (8 848 mètres d’altitude) le 29 mai 1953. D’autres montagnards plus originaux, avaient réussi dans les années 50-60 à transporter un véhicule jusqu’au refuge ! Un autre type de défi.. Philippe est fier de respecter la tradition des gardiens de refuge. Il porte une attention particulière à la sécurité des randonneurs, et dans une ambiance qu’il souhaite maintenir familiale, il tente chaque soir, avant le repas, de transmettre les valeurs de la montagne, et son respect avec le chapitre sur la question de l’eau. Car, ici, nous sommes sur un plateau calcaire, où l’eau n’a jamais été présente.
Elle est amenée uniquement par hélicoptère. Il y a encore quelques années, elle était transportée par une sorte de téléphérique. Lors de notre départ, fidèle à la tradition des randonneurs en itinérance, Philippe nous charge de saluer tous les gardiens des refuges suivants, Constance, Nathalie, et Clarisse.
– L’arrivée au lac de Lessy par le col de la Forclaz, nous rapproche du sommet du mont Blanc. Ce lac émeraude jonché au creux d’un vallon étincelle de beauté. A son bord, le refuge est agréable, et la détente s’impose tout en observant les chamois. Seule la dégustation de la tarte à l’abricot nous détache de la longue vue. J’avoue avoir encore gardé le goût à la bouche….
– En ce qui concerne l’ascension du point culminant de notre circuit, la Pointe Percée jonchée à 2752m d’altitude. Il s’agit d’une vraie ascension alpine avec des sensations vertigineuses. Au départ, on commence à poser les mains, en suivant de petites vires en colimaçon dans les lapiaz. Et on finit par la traversée d’une arête. A ce moment-là, Mireille se lance en 1er de cordée confiante, et nous rassure pour la suivre dans ses pas. Pour chacun d’entre nous, la cerise sur le gâteau du notre balade alpine, restera la chance d’avoir vu des bouquetins se battre, rebondir comme des ressorts, et se poursuivre à flanc de parois, tels des alpinistes mais sans crampons, juste grâce la spécificité de leurs sabots, tout à fait extraordinaire. En effet, les sabots de bouquetins sont fendus en deux et souples à l’intérieur, ce qui explique leur bonne accroche aux rochers.
Mireille :
J’ai aimé :
.Les nombreux panoramas exceptionnels tout au long de la traversée où on admire des superbes points de vue sur le massif du Mont-Blanc,
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Découvrir les spots mythiques de la région d’Annecy : Le Parmelan et son fabuleux plateau de lapiaz, le plateau des Glières, le col de la Forclaz, le lac de Lessy et l’Aiguille Verte, l’emblématique Pointe Percée.
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Dormir dans des refuges authentiques et partager de bons repas montagnards
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Observer les chamois et approcher de près les bouquetins. Nous avons même pu assister au combat de deux bouquetins à deux pas de nous !
Une nuit en portaledge
Le portaledge a été inventé pour pouvoir passer plusieurs jours de grimpe en paroi. Avec Valérie on se dit qu’une simple nuit au-dessus du vide, ça doit pas être mal non plus !
18h : après s’être garé au col situé près du Mont Veyrier, nous faisons connaissance avec Malaury , notre guide et deux autres couples. Nous équipons avec nos baudriers, longes de via ferrata et casques. Une petite marche d’approche permet d’arriver à la lisière de la falaise. Dans nos sacs duvets et vêtements chauds, frontale, réchaud, le repas du soir et le petit déjeuner.
19h : Ca y est ! Depuis le sommet de la paroi, on distingue Annecy et son lac. La vue est grandiose. Un coup d’oeil en bas permet d’apprécier le rappel qu’il va falloir effectuer sur la longe de via. J’ai peur en mettant tout mon poids sur la longe que le système de sécurité se déclenche. Malaury m’assure que non. Enfin je me détends et je me laisse glisser le long du mur…tout va bien.
20h : Nous sommes sur une petite vire étroite. Malaury installe le portaledge suspendu au-dessus du vide. Une fois installé le portaledge se présente sous la forme d’une plateforme de la taille d’un lit deux places. Par une petite via corda pas très aisée, nous rejoignons notre portaledge pour la nuit. Inutile de dire qu’avec Valérie nous n’avons pas du tout envie de le quitter en pleine nuit pour aller aux toilettes !!
21h : Nous prenons confiance et nous changeons de place. Ca couine, ça grince mais ça tient ! Le soleil se couche sur Annecy. Un grand moment ! C’est l’heure du dîner : au menu, une fondue savoyarde, une vraie. Grâce à un système de barres en forme de triangle, le réchaud est suspendu à une sangle du portaledge. Autour de nous, les lumières des villes et la voûte étoilée. Quel cadre ! Le moment est magique.
22h : Nous nous assoyons les pieds dans le vide et nous admirons. Puis nous enlevons nos chaussures pour nous glisser dans nos duvets. Nous ne pouvons pas trop bouger. D’abord parce que c’est étroit et aussi parce que nous gardons la longe qui est reliée au harnais à un point d’ancrage. Aucune brise, tout est calme.
6h : Réveillés par la clarté, nous sortons des duvets, rangeons tout le matériel dans les sacs et prenons le petit déjeuner : viennoiseries et jus de fruit.
7h : Une petite via corda escarpée pour revenir en haut de la falaise et c’est le retour par le même chemin qu’à l’aller. L’expérience est terminée, oublié le vide, restent les sensations !
Un grand merci à Marc et Valérie qui ont organisé cette itinérance !
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