15 et 16 janvier 2022 - L'Aubrac

Sur une proposition de Jean-Luc, nous partons randonner en Aubrac sur ce vaste plateau de moyenne montagne qui a la particularité géographique d’être à cheval sur trois départements et deux régions (Aveyron et Lozère : Occitanie ; Cantal : Auvergne Rhône-Alpes). Jean-Luc connait bien l’Aubrac pour avoir vécu à Espalion, c’était alors son terrain de jeux. Il avait envie depuis longtemps de nous faire découvrir les grandes étendues sauvages de ce territoire de caractère, riche d’un patrimoine naturel et humain. Il fallait juste attendre le moment propice : une chute de neige assez conséquente suivie d’un anticyclone mais avec des températures négatives. Ce week-end les conditions sont réunies ! Avec enthousiasme presque tous les adhérents de notre petite section ont répondu favorablement à l’invitation de Jean-Luc, seule Valérie n’a pu malheureusement se joindre à nous.

Nous récupérons Martine, Michel et Christian à Caussade, Francis à Villefranche de Rouergue et poursuivons notre route en direction du village d’Aubrac. Dans le Trafic, Jean-Luc en bon pédagogue ne tarit pas d’anecdotes géologiques, géographiques ou historiques sur cette région qu’il affectionne particulièrement ! Nous apprenons plein de choses intéressantes !

Vers midi nous arrivons à Aubrac 1320m et garons le véhicule sur une placette toute enneigée et verglacée. Un changement de chaussures s’impose pour éviter les glissades ! Aubrac est un superbe village avec de solides demeures en pierre construites autour du monastère plus précisément la domerie dont il ne reste que trois bâtiments : l’église Notre Dame des Pauvres, la Tour des Anglais et une partie de l’ancien hôpital (refuge pour les pèlerins de Saint Jacques). Nous dénichons une table au soleil et nous installons confortablement pour le casse-croûte.

Puis nous prenons nos sacs à dos bien légers pour une fois et gagnons le départ de la balade. Quel plaisir, nous pouvons chausser les raquettes dès le début !

Il n’y a aucun vent et en marchant nous avons de plus en plus chaud. Après plusieurs arrêts pour se dévêtir, nous sommes en tee-shirt à manches longues. Le sentier nous éloigne de la route à travers les murets de pierre. Puis nous continuons hors sentier, carte à la main pour Jean-Luc, à travers les champs de neige et les nombreuses clôtures à passer sans accrocher le pantalon ! Rapidement nous prenons goût à ce jeu de saute-clôture !

Nous cherchons un bon moment un passage pour traverser la rivière et nous élever à travers le bois qui nous fait face.

Finalement, traverser à gué étant impossible à moins de vouloir se mouiller sérieusement les pieds, nous trouvons et empruntons un pont. La montée est très plaisante dans ce bois. La lumière pénètre obliquement dans la futaie. Les rayons traversent les branches nues et viennent toucher les troncs ou éclairer un carré de neige.

Les hêtres beaucoup plus ligneux et noueux que dans les Pyrénées nous rappellent qu’ici le climat est extrêmement rude. Nous suivons un moment une des pistes de ski de fond désertes de Brameloup puis la laissons pour entamer une boucle vers Aubrac. La descente dans la neige encore froide est un régal !

Quand la neige n’a connu que le froid, elle n’est pas lourde et reste poudreuse. A découvert sous la chaleur douce du soleil déclinant, nous brassons la poussière de diamant à chaque foulée. Bientôt nous rejoignons un buron si caractéristique de l’Aubrac puis après encore quelques passages de clôtures nous filons droit sur l’église dont la cloche dite « des égarés », servait autrefois, à guider les pèlerins ou voyageurs traversant le plateau par mauvais temps dans le brouillard.

Ce secteur est très peu fréquenté ce qui est surprenant par une si belle après-midi !

Nous reprenons le véhicule pour rejoindre le gîte de la ferme des Monts d’Aubrac proche de Nasbinals 1180 m. C’est un endroit très agréable avec une grande salle, de belles tables et un insert double face très appréciable. Le luxe pour nous qui sommes habitués au confort rustique des cabanes !

Au dîner, vous découvrons la cuisine traditionnelle avec une des principales spécialités du pays à base de fromage de Laguiole (tome fraîche) et de pommes de terre :  le fameux aligot, recette inventée par les moines de la Domerie d’Aubrac. Accompagné de saucisse confectionnée avec du porc noir élevé dans cette ferme. Un plat qui revigore le soir venu ! Un régal.

Après une nuit reposante et un copieux petit-déjeuner, nous voici prêts à partir. Le Trafic a froid, tousse et crache sérieusement avant de…démarrer. Ouf ! La voiture de Florent ne veut rien savoir ! Réunis dans le seul véhicule opérationnel, Marc accélère mais n’avance pas. Aie ! Comme des néophytes nous avons mis le frein à main hier soir. Avec les -12°C affichés sur l’ordinateur de bord, c’est une erreur fatale. Nous râlons un moment. Heureusement nous ne sommes qu’à 20mn du cimetière point de départ de la rando.

Nous admirons les ruelles encombrées de neige du charmant petit village de Nasbinals et son église de style roman éclairée par les premiers rayons de soleil. C’est une somptueuse construction, elle trône fièrement au centre d’un village. Malgré nos équipements et la marche, les mains et les pieds restent froids, la peau du visage se fige. Il nous tarde d’être au soleil ! Nous empruntons un petit chemin recouvert d’une petite couche de neige qui part derrière le cimetière. Ici les chutes de neige du dernier week-end ont été plus modérées qu’en Aveyron.

Le sentier parcourt le plateau à travers les murets de pierre.  Le plateau de l’Aubrac est un massif volcanique ancien (5 à 9 millions d’années) et les interventions de Jean-Luc nous font découvrir les traces de l’ancienne activité volcanique de ce plateau comme ce dyke (magma qui s’est infiltré dans une fissure de roche) tout proche de nous.

Soudain en suivant le ruisseau nous arrivons au bord d’un ravin et nous tombons nez à nez avec la cascade du Déroc vue d’en-haut. Là, l’affluent du Bès et les eaux du lac des Salhiens viennent se précipiter sur le rebord de basalte sous lequel s’est formée une grotte constituée d’orgues basaltiques.

Du haut de ses 33 mètres, la cascade domine la petite vallée glaciaire de Gambaïse et les méandres de son ruisseau gelé. Les points de vue sont imprenables sur la région de Marchastel avec les vastes étendues de l’Aubrac. Il s’agit d’un des sites naturels les plus remarquables de l’Aubrac.

Jean-Luc nous propose de contourner la cascade par la droite, puis descendre pour accéder au pied de la chute d’eau et l’observer d’un autre angle. Attention le sentier est raide et verglacé. Au pied de la cascade, nous découvrons une grotte dont le plafond est constitué de gros prismes basaltiques remarquables par leur géométrie. Elle est ornée de belles stalactites de glace dont certaines chutent avec un bruit sourd. Ambiance !

Le sol de la grotte est jonché de grosses pierres recouvertes d’une épaisse couche de glace. Nous pouvons même passer derrière la chute d’eau. Précautionneusement nous nous glissons dans la grotte pour admirer ces merveilles gelées.

Nous reprenons le sentier en compagnie d’un berger allemand qui semble vouloir se promener lui aussi. Encore un coup de saute-clôture, puis le reste du parcours se fait sur de petites routes, où les vues sont ouvertes sur les prairies et les estives enneigées de l’Aubrac.

Pause casse-croûte sur des tables en bois au bord de la route. Puis nous poursuivons le sentier qui se faufile entre les murets de pierre et où le regard porte loin. Les massifs tout blanc du Cantal et du Sancy resplendissent sur le ciel bleu. De solides bâtisses en pierre, des burons et des croix ponctuent le sentier. Nous terminons par une belle vue de Nasbinals et ses habitations lovées autour de l’église.

Voilà un superbe week-end dépaysant avec d’excellentes conditions pour découvrir l’Aubrac, ses vastes étendues sauvages, ses villages de caractère, la beauté des paysages, les saveurs du terroir. Et cerise sur le gâteau Jean-Luc nous promet d’autres escapades dans le coin. Nous sommes ravis !

Toutes les photos ici.