18 et 19 février 2023 - Le Cap d’Estanhs 2082 m depuis Bausen

Le cap d’Estanhs est le nom aranais du célèbre Plan de Montmajou qui domine la vallée de Luchon. Si son versant français est à juste titre très fréquenté, son versant espagnol demeure en revanche plutôt méconnu. Voilà ce qui est noté dans les topos. Marc nous propose d’aller explorer ce secteur et de nous faire notre idée. Nous sommes quatre.

Le samedi en tout début d’après-midi, nous garons la voiture sur le tout petit parking aménagé en bord de route près village de Bausen 870 m qui est à notre surprise interdit à la circulation. Un autre parking à l’entrée de Bausen existe aussi mais il est complet…

Nous commençons donc la randonnée par la route, traversons le charmant village de Bausen avec ses belles maisons en pierre puis la route forestière qui remonte en lacets le versant nord de la forêt des Agudes. Le centre de la route est tout gelé et nous nous appliquons à suivre le bord recouvert de feuilles.

La montée est régulière et lentement la glace est remplacée par une petite épaisseur de neige qui vers 1400m devient suffisante pour chausser définitivement les raquettes.

Dans le haut les lacets sont serrés et raides, la route devenue piste débouche de la sapinière à environ 1700 m et de là au détour d’un virage, une ouverture nous permet d’apprécier en contre bas notre point de départ.

Nous continuons pour rejoindre la cabane de Serralongue qui se trouve au terminus de la piste à la sortie de la forêt dans les estives qui sont complétement déneigées.

Deux chiens équipés de collier de repérage viennent à notre rencontre. Aussitôt nous sommes gagnés par l’inquiétude. La cabane est peut-être déjà occupée par les chasseurs… Pourtant de loin tout parait tranquille et personne ne se trouve autour de la cabane qui ressemble plutôt à une solide petite maison !

Marc ouvre la porte. Et là nous sommes soulagés, la cabane n’est pas occupée par les chasseurs. La pièce principale est spacieuse, propre avec deux grandes tables et leurs bancs, un volumineux insert, du bois sec. Un escalier permet l’accès à la mezzanine qui est équipée de matelas ! Quelle agréable surprise ! Nous avions peu d’informations sur cette cabane et nous ne l’imaginions pas aussi confortable ! Nous ouvrons grand la porte pour inonder la pièce de chaleur et de lumière et nous nous lançons dans les préparatifs de la soirée. Michel coupe le bois à l’aide de la scie rétractable que Marc a apportée.

Nous allons chercher de l’eau à la source qui se situe une centaine de mètres plus bas et découvrons qu’elle ne coule plus ! Seuls les bassins de récupération sont pleins. C’est une source ferrugineuse remarquable par la couleur rouille qui couvre les parois. La présence d’hématite rouge donne cette belle couleur rouge-orange et les bassins affichent cette même teinte magnifique. Nous remplissons quand même nos bouteilles avec l’eau stagnante. Le soir venu Martine lance le feu et les belles flammes chauffent la plaque au-dessus de l’insert. L’eau ne tarde pas à bouillir dans nos récipients. A notre grand étonnement quand nous soulevons les couvercles l’eau est orange !! Et nous retournons faire provision d’eau, avant que la nuit nous surprenne, au petit torrent beaucoup plus loin… Voilà nous sommes prêts pour nous délasser, regarder le feu qui crépite, prendre l’apéritif et griller la saucisse. Nous passons là une agréable soirée.

Le lendemain nous nous remettons en route vers 7h15. Nous nous orientons vers une croupe qui donne accès à un vallon où notre objectif du jour apparait. Du côté Val d’Aran le Cap d’Estanhs n’a pas l’allure d’un vaste plateau sommital qui s’élève au bout d’une croupe débonnaire. C’est un sommet bien différencié avec des pentes assez raides.

Le plus simple consiste à gagner le collet qui sépare le Tuc des Tres Corets et le Malh des Bessons. La qualité de la neige est très hétérogène. Des sections en semoule inconsistante alternent avec des parties en neige dure. Finalement en suivant la trace durcie d’un skieur la montée est moins pénible (merci à cet(te) inconnu(e)!)

L’arrivée au collet.

Au collet la vue s’ouvre sur le massif de l’Aneto. Le panorama au caractère alpin est splendide et reflète le manque de neige sur les sommets.

De là nous filons en écharpe sur le versant ouest et cheminons sur la crête seuls au monde en altitude.

Nous atteignons la Passada des Tres Corets 1915 m où nous enlevons nos raquettes et le sac à dos. Délestés nous gravissons un bref ressaut assez redressé mais totalement sec et prenons pied sur un replat où des pentes faciles conduisent sans difficulté au sommet qui est un vaste plateau côté français.

Le sommet de la Laque où nous étions il y a 3 semaines

Tout comme son frère jumeau le pic de Bacanère, le Cap d’Estanhs est un belvédère exceptionnel. A l’image des montagnes d’avant chaîne, il n’a pas grande allure. Son sommet est mal défini (plusieurs bornes frontières) et vaste mais les plus beaux paysages ne s’admirent pas toujours depuis les plus hautes cimes…Le cap d’Estanhs ne déroge pas à la règle ! Sa large coupole sommitale constitue une excellente terrasse panoramique, d’où le regard ne se lasse pas d’admirer un fabuleux décor de hautes montagnes. Nous pouvons y trouver les sommets ariègeois, ceux du val d’Aran, de la Maladeta, du Luchonnais et même le lointain massif du Néouvielle !

Quelle vue ! Mais il faut bien redescendre. C’est facile il suffit de faire demi-tour avec en prime une visite au Tuc des Tres Corets. Toujours personne en vue, aucune trace d’activité humaine à 360°, juste la montagne sans vent ni bruit, un luxe dont nous profitons durant le pique-nique sur les bancs de la terrasse de la cabane.

Cette belle randonnée au Cap d’Estanhs nous a permis d’en découvrir tous les charmes cachés et d’atteindre de façon originale ce somptueux belvédère. Une option plus sauvage qui vaut le déplacement.

Toutes les photos ici.